Another lost soul found it's way - ft. Mekhai

Myriam sirotait son café en regardant son agenda. Son regard se porta sur le nom de son prochain rendez-vous : Mikhai Russo. Elle ne savait pas à quoi s’attendre par rapport à cette consultation. Celle-ci était obligatoire afin que son futur patient puisse conserver son travail. La doctorante se demandait si son futur patient serait coopératif, quitte à dire ce qu’elle voulait entendre même si c’était des mensonges, ou serait-il récalcitrant ? Dans certains cas, les thérapies obligatoires ne produisaient pas autant de résultats que celles qui étaient volontaires. Le travail provenait de la personne elle-même, le thérapeute servait de guide dans le processus au rythme de son client. Cependant, qu’il le veuille ou non, la jeune femme était bien déterminée à effectuer son travail. Un petit sourire étira ses lèvres, elle savait se montrer persistante sans brusquer son interlocuteur. Elle n’était pas à son coup d’essai à titre d’intervenante.

Elle jeta un dernier coup d’œil à l’horloge, il était temps pour elle de se rendre dans la salle de rencontre. Elle aimait bien s’installer quinze minutes avant ses rendez-vous. Ainsi, elle avait le temps de libérer son esprit de tout souci extérieur à la salle de consultation. Myriam devait créer cette distance afin de ne pas être submergé par son empathie. Les premiers rendez-vous étaient souvent hauts en émotions pour les patients. Si c’était difficile pour eux, ça l’était tout également pour l’étudiante. C’était une balance délicate entre empathie et compassion, si le mur tombait elle serait envahie par les émois exacerbés de son client. Pour une thérapeute c’était le comble.

Le son de la porte qu’on ouvre la tira de ses rêveries. Son client faisait enfin son entrée, Myriam se leva promptement pour accueillir le nouveau venu. La silhouette de l’homme était particulièrement imposante. Du haut de son mètre soixante-treize, elle se sentait minuscule. Les larges épaules de l’homme faisaient un contraste saisissant à la menue silhouette de la thérapeute. L’ancienne Myriam aurait été intimidée d’être seule en présence d’un homme. Elle avait vécu dans un monde ou on appliquait une séparation stricte entre les hommes et les femmes hors de leur famille. Un sourire étira ses lèvres lorsqu’elle s’imaginait les expressions scandalisées qu’aurait eues sa famille en la voyant seule avec un homme qui n’était pas son mari. On était à des années-lumière de l’environnement qu’elle avait grandi. Elle pouvait être fière des progrès qu’elle avait faits depuis sa fuite de Williamsburg. Si elle ne regrettait pas cette vie puisque ça faisait d’elle la personne qu’elle était, elle ne déplorait pas d’avoir cet environnement morne pour l’esprit curieux de la jeune femme. Elle chassa rapidement tout souvenir pour se concentrer sur son patient géant.

Loin d’être intimidé, le visage de Myriam se fendit d’un sourire.  Tout en elle exsudait la douceur, la patience et l’ouverture. Si son esprit avait été en ébullition quelques instants plus tôt, maintenant qu’elle était en présence de Mikhai, elle avait repris son focus sur la tâche devant elle. À savoir évaluer l’état psychique et encourage une ouverture chez l’homme forcé d’être en présence. Elle se doutait que ce n’était pas gagné puisque la rencontre était obligatoire, il n’empêche qu’elle ne se lassait pas décourager. Le bureau disposait de plusieurs endroits pour s’asseoir. D’une part, il y avait une chaise, plus formelle, devant son bureau, derrière lequel se tenait la thérapeute. D’autre part, il y avait deux fauteuils qui se faisaient face, plus confortables, le tout séparé par une table basse. Choisirait-il de se mettre à son aise, plus ouvert ou choisirait la disposition plus formelle pour garder ses distances ? Myriam était très curieuse de découvrir le choix de son patient.

- Bonjour M. Russo, je m’appelle Myriam Blumenberg, l’accueillit-elle chaleureusement. Prenez la place qui vous convient et mettez-vous à votre aise. J’espère que vous n’avez pas eu de difficulté à trouver nos locaux.