IIN DI ONHEYB ~ AT THE BEGINNING  • La religion et la famille sont les fondements de la communauté Satmar. La vie des habitants de cette communauté ultraorthodoxe d’Outremont est régie par des règles très strictes. Il n’était pas rare de voir des familles entre sept et dix enfants, voire plus. Leur éducation est centrée sur ces deux préceptes sans accès à d’autres connaissances, les confinant du monde extérieur. Ils apprenaient à parler Yiddish en priorité et les notions d’anglais très rudimentaire ce qui ne faisait qu’accentuer leur isolement. La bibliothèque publique, la télévision et internet leur était interdit. Le moindre aspect de leur vie était régenté par ces règles strictes. Les garçons et les filles n’entretenaient aucun contact avec le sexe opposé à l’extérieur de leur cercle familial. Une femme devait se couvrir le corps, porter des manches longues, des jupes longues aux collants opaques. Il était hors de question qu’elle mette des pantalons. Une fois mariée, elle ne pourrait montrer ses cheveux, pour ce fait, elle devrait couvrir sa chevelure d’une perruque ou un foulard. Comme toute native de cette collectivité, Myriam Schwartz n’a jamais vraiment eu le choix de son avenir. Dès sa naissance, elle était prédestinée à devenir une bonne épouse et une mère. La jeune fille avait soif d’apprendre, mais sa communauté la limitait à ne connaître que la religion et la famille. Dès qu’elle voyait un mot caviardé dans ses livres, elle voulait savoir ce que c’était. Ses rêves, elle ne pouvait en avoir autre que ceux dicter par son éducation. Elle n’était pas opposée à l’idée de fonder une famille, mais elle souhaitait plus que cela. Myriam apprit vite à taire sa curiosité, son désir de connaissance était en contradiction avec ce qu’on lui en enseignait. Aller à l’encontre de ces préceptes était synonyme de solitude, d’être à la marge du groupe, de perdre son soutien et la sécurité. Pour la jeune fille, cette perspective était si intimidante, qu’elle renonça à ses aspirations pour se conformer à ces règles. Elle ne pourrait survivre sans l’aida de la communauté, car que savait-elle du monde extérieur ?

MURA AUN BUSHH ~ FEAR AND SHAME  • La peur est omniprésente dans la communauté Satmar. Cette angoisse constante de la fureur de D-eu. Dès leur tendre enfance, les jeunes apprennent à redouter la colère divine. Pour eux, les nazis étaient une punition pour l’assimilation et le sionisme des juifs. Afin de prévenir la survenance d’un autre holocauste, les Satmar ont créé Outremon autour d’un mode de vie stricte suivant la loi juive de la manière la plus restrictive. Myriam a grandi dans cette peur en espérant qu’en respectant ses règles, elle pourrait vivre tranquillement sans crainte de ce châtiment. La conscience qu’elle était la descendante de survivants de la Shoah et qu’elle devait contribuer à réparer la perte de ces semblables était constamment présent dans son esprit. On ne lui laissait pas oublier son rôle essentiel dans cette repopulation. C’était tellement ancré dans l’imaginaire collectif que Myriam ne réalisait plus que cette crainte faisait partie intégrante de sa vie.

La jeune fille ne se souvient pas d’un moment où elle n’a pas eu honte d’être née femme. On lui a martelé sans cesse que son corps était dégoûtant, qu’il était sale. Sa seule existence représentait le mal et une menace qu’elle devait compenser tout au long de sa vie. Pour ce faire, Myriam s’employa à cacher la moindre parcelle de peau et à toujours se montrer discrète, effacée. Ainsi, elle espérait renverser cette malédiction d’être une femme et suscité la fierté plutôt que la honte. À mesure que ses formes se développaient, ce dégoût d’elle-même s’intensifia, se répétant sans cesse que son corps était souillé et par le fait même qu’elle était sale. D’un autre côté, cette enveloppe si honnie était pourtant essentielle à la survie de son peuple. Il était aussi un instrument qu’elle devait utiliser pour faire grandir sa communauté. Cette constante contradiction était si ancrée en elle, qu’elle ne supportait pas la vue de son propre corps. Elle entretint pendant toute son adolescence une relation malsaine avec son corps. Parfois, elle se lavait si frénétiquement que sa peau marquait sans arriver à enlever ce sentiment de souillure. La jeune fille aurait voulu naître homme pour ne pas ressentir cette honte persistante.

KIIH ~ CURSE • Avec la puberté, une nouvelle malédiction s’est abattue sur elle. Elle a développé une étrange faculté. Ça a commencé quand Myriam s’est sentie submergée par des émotions qui lui étaient inconnues. La seule certitude qu’elle avait c’est que ce n’était pas les siennes. Alors qu’elle parcourait les rues de son quartier, elle éprouvait la contrariété d’un passant en retard, l’anxiété d’un autre qui ne souhaite pas retourner dans son foyer instable, la tristesse d’un autre qui veut en finir. Celles-ci assaillaient l’adolescente qui ne tarda pas à s’effondrer devant l’intensité de ces états d’âme qui ne lui appartenaient pas. Elle ne se souvint pas de comment elle avait fait le voyage de retour à la maison. L’incompréhension de ses parents face à son état acheva de la jeter à terre, au sens propre comme au figuré. Vidée de toute volonté, Myriam s’enfermait dans sa chambre dès qu’elle en avait l’occasion. Chaque sortie représentait un calvaire, les émotions l’assaillant sans cesse, la plongeant dans un ascenseur émotionnel interminable. Elle avait l’impression de s’enfoncer peu à peu dans la folie. Sans véritable soutien de ses proches, elle se sentait laissée à elle-même, isolée dans la foule qui la précipitait dans un cauchemar éveillé.

N'en pouvait plus de vivre dans ce tumulte constant, Myriam élabora une stratégie pour tenter d’endiguer ce flot d’émotions indésirables. Après plusieurs essais et erreurs, elle réussit à se faire un mur psychique afin de contrôler les assauts affectifs d’autrui. Si cette technique n’était pas parfaite, elle diminuait les tourments de l’adolescente. Avec le temps, sa bulle protectrice s’avérait de plus en plus efficace. La malédiction se métamorphosait progressivement en don que l’âme curieuse de Myriam explorait à tâtons. Elle préférait tirer le plus possible de cette capacité qu’elle refusait de voir comme une fatalité.

KHSUNH ~ WEDDING • Les larmes roulaient sur ses joues, alors qu’elle sentait le doux chatouillis du rasoir sur ses cheveux. Les mèches brunes tombaient au sol, tandis qu’elle faisait le deuil d’une partie d’elle-même. Elle ne savait plus si elle devait être contente ou terrifiée. C’était la raison même de son existence qu’elle venait d’atteindre et pourtant elle ne ressentait qu’un vide intense. À l’aube de ses 16 ans, on la déracinait de sa terre natale et ses parents la mariaient à un inconnu. Sa vie serait désormais à Williamsburg, isolée de sa famille. L’angoisse nouait les entrailles de la jeune Myriam qui perdait tous ses repères. Elle ne savait pas quel type de mari serait Isaïah Blumenberg. Elle ne l’avait rencontré qu’une fois avec leur famille respective dans la pièce d’à côté. Myriam n’avait pas su quoi pensé de son futur époux. La jeune femme avait été tellement anxieuse puisque sa mère lui avait rappelé sans cesse les différentes règles à respecter. Elle eut un aperçue d’une âme consumée par la musique, l’art et le doute. Elle perçut chez lui une mélancolie et une douceur. Elle espérait ne pas se tromper sur ce dernier point. Le garçon chétif et nerveux lui laissa une impression de différence et de résignation. Entre sa propre nervosité et celle de son futur mari qui l’assaillait, elle peinait à se souvenir de plus de détails. Comme elle, il n’avait aucun choix sur la conduite de son existence.  

PROST LEBN ~ COMMON LIFE • La nuit de noces fut une expérience douloureuse, digne des pires cauchemars. Il n’y eut rien d’agréable dans l’union de leur corps. L’ignorance a rendu l’expérience des jeunes époux encore plus atroces. Myriam était tellement nerveuse qu’elle en eut la nausée. Toutefois, son mari manifesta une certaine sensibilité à son égard. Cependant, ce ne fut pas assez pour rassembler le couple. Son mari passait très peu de temps en sa présence et semble fuir sa jeune épouse. Malgré ses efforts pour se rapprocher de lui, il demeurait insaisissable. Elle aimerait le connaître mieux, car l’homme qui partage son intimité est un étranger. Elle ne s’attendait pas qu’il l’aime, elle savait qu’il ne l’aimerait jamais de cette manière, mais elle souhaiterait qu’ils deviennent plus complices. La honte et le dégoût qu’elle percevait chez son époux, elle l’interprétait comme dirigés contre elle. Sa malédiction ne faisait que creusé le fossé entre eux. Elle ne sait pas ce qu’elle fait de mal, mais pour la jeune femme, ça accentuait son dégoût d’elle-même. Depuis toute petite, on lui disait qu’elle est répugnante et la réaction de son mari ne fait que confirmer à quel point elle l’est. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’elle était enceinte.

Ce moment de bonheur fut de courte durée, puisqu’elle perdit sa petite-fille. Les espoirs de Myriam s’effondrèrent comme un château de cartes. À son aversion de soi s’ajouta un sentiment d’échec. Rien n’allait dans leur mariage et elle n’arrivait pas à mener à bien la seule tâche pour laquelle elle avait été créer. Elle savait que c’était sa faute, D-eu la punissait pour avoir entretenu des rêves autres que de fonder une famille. Elle n’avait pas toujours fait preuve de modestie et c’était son châtiment. Elle voulait que leur union fonctionne, sauf que la surveillance et l’ingérence de leur famille n’aidaient pas à les rapprocher. Plus le temps passait, plus la pression pour avoir un enfant se faisait forte. Ils n’avaient pas le temps de faire le deuil de leur petite fille, qu’il fallait déjà qu’ils essaient de la remplacer. Personne ne se souciait de ce qu’elle ressentait. Ils étaient tous obnubilés par la perpétuation de leur peuple. Pour la première fois de sa vie, la jeune femme éprouva de la haine envers sa communauté et son obsession de la descendance. Elle comprenait la douleur de la perte qu’avaient subie ses grands-parents par le régime nazi et le désir de se reconstruire. Elle transpirait par tous les pores de la société.  C’était devenu malsain dans la mesure où cela se faisait au détriment de leurs enfants. Elle n’avait pas le droit de vivre sa propre peine puisqu’elle devait consoler les aînés en sacrifiant son corps. L’injustice était cuisante. Elle songea à nouveau à ses rêves de sortir de ce carcan, de cette prison aux murs invisibles, mais elle ne savait pas par où commencer. Myriam fut assaillie par tout son entourage. Quand ce n’était pas sa mère qui lui donnait des conseils pour plaire à son mari, elle se faisait réprimander par sa belle-mère et même le rabbin s’en est mêlé. Cette pression supplémentaire accentuait le fossé entre les époux. Isaïe finit par craquer et s’enfuir. Ce n’est qu’après la fuite de son mari qu’elle découvrit qu’elle était enceinte.  

MATERNITI ~ MOTHERHOOD  • Myriam accueillit la nouvelle avec soulagement. Son mariage était peut-être un échec, mais au moins elle avait réussi à être une mère. La grossesse fut éprouvante, mais elle est arrivée à la mener à terme. Son fils, Élie, est devenu le centre de son existence. Elle pouvait compter sur le soutien de la communauté. Elle se sentait de plus en plus détachée de la collectivité. Elle n’avait plus ce sentiment d’appartenance et elle réalisa qu’elle ne l’avait jamais vraiment ressenti. Elle avait toujours aspiré à plus que ce à quoi on l’avait prédestiné. Elle voulait choisir son destin. Toutefois, cela signifiait qu’elle devrait renoncer à son fils et ça, il en était hors de question. Elle supporta tant bien que mal le poids de la communauté. Maintenant que son mari l’avait quitté, elle entendait les rumeurs aller bon train. Elle fit comme si elle n’entendait rien, mais leur parole restait gravée dans sa mémoire ajoutant à la rancœur qu’elle ressentait. Elle pourrait demander le divorce et trouver un nouvel époux, former une nouvelle famille. Néanmoins, elle ne pouvait s’y résoudre. Elle ne désirait pas revivre le calvaire de la vie conjugale avec un inconnu. Malgré sa distance, Isaïe avait été doux et sensible à ses besoins en dépit leur incompatibilité et elle avait conscience qu’elle n’aurait peut-être pas cette chance avec un autre mari. Elle ne souhaitait pas devenir un incubateur pour la communauté. Elle devait se concentrer sur l’éducation d’Élie. Pour l’instant, ils respectaient son choix, mais elle savait que tôt ou tard la pression se ferait à nouveau ressentir.

TABU ~ TABOO  • Élie avait cinq ans lorsqu’elle reçoit des nouvelles de son mari. Elles n’étaient pas encourageantes. Il serait entre la vie et la mort dans un hôpital à Los Angeles. Myriam ressentit une vague d’inquiétude à la fois pour la santé de son époux et pour sa situation. Elle ne lui souhaitait aucun mal, au contraire, même s’il l’avait abandonné elle voulait qu’il soit heureux. Elle espérait que son fils pourrait un jour rencontrer son père. Le peu qu’elle connaissait de lui, elle avait commencé à le raconter secrètement à Élie. Elle avait peut-être un peu romancé certains aspects. Si elle devenait veuve, la pression sociale de se remarier se ferait à nouveau sentir. Cette impression d’étouffer se faisait de plus en plus sentir. On ne la laissait pas visiter Isaïe, qui laissait leur proche seul dans leur chambre d’hôpital ? Voulait-elle vraiment qu’Élie grandisse dans un climat d’intolérance ? Souhaitait-elle que son fils rejette la différence ? Il y avait quelque chose d’autre, un secret concernant son époux, mais ses questions demeuraient sans réponses. Myriam rendit visite à sa belle-mère pour en avoir le cœur net. Bien qu’elle niât au départ, la jeune femme réussit à lui arracher son secret. Après tout, lui rappela-t-elle, elle était la mère d’Élie, elle avait le droit de connaître la vérité. Sa belle-mère lui avoua que le père de Isaïe n’était pas son mari. Leur connexion avait été si forte qu’elle avait commis l’adultère. C’est là que le déclic se fit dans l’esprit de Myriam. Si elle voulait protéger son fils, elle devait partir avec lui. Ils ne pouvaient rester dans cette bulle isolée où l’ignorance était reine. Les autres ne devaient pas connaître l’existence de ce terrible secret. Elle savait qu’Élie malgré son innocence se ferait jeter la pierre et ça, elle ne pouvait l’accepter. Son fils ne paierait pas pour le prix pour les péchés de sa grand-mère. C’était le déclencheur dont elle avait besoin pour trouver le courage de quitter Williamsburg. Élie ne mènerait pas la vie de ses parents, une existence emprisonnée par la religion dans son interprétation la plus stricte.

GLUS ~ EXILE • Myriam et Élie quittèrent Willamsburg en pleine nuit, sans un adieu. Elle savait qu’elle devait faire vite et être discrète pour éviter qu’ils ne la retrouvent et ne lui enlève son fils. Elle avait préparé sa fuite à l’avance, économiser le plus d’argent possible et faire faire des papiers en catimini. Ce n’est que le jour fatidique qu’elle prévint son fils, afin que son secret ne soit pas trahis et qu’on ne lui enlève pas Élie. L’angoisse au ventre elle traversa les limites du quartier pour ne plus regarder en arrière. Elle plongeait dans l’inconnu, elle ne connaissait rien du monde moderne et pourtant elle savait que c’était la bonne décision. Élie méritait mieux, il méritait de choisir son avenir comme elle l’aurait souhaité, plus jeune. Elle connaissait très peu d’anglais, mais elle savait qu’elle pouvait apprendre. Le peu d’économie qu’elle avait passa dans leur billet d’autobus. Elle choisissait des destinations au hasard, afin de brouiller les pistes. Elle savait les Satmar ne reculeraient devant rien pour lui enlever la garde de son enfant.

Sa destination finale fut Halifax. L’adaptation fut rude. Myriam ne connaissait rien de la société dans laquelle elle avait atterrit. Elle n’avait aucun diplôme, pas d’argent, elle n’avait aucune ressource. L’envie de faire demi-tour et de retrouver la sécurité de la communauté la tarauda à plusieurs reprises. Lorsqu’elle y pensait un regard vers son fils lui suffisait pour chasser ses doutes. Il était trop tard pour reculer. Sa famille et son soutient lui manquait, elle les aimait, mais Élie était plus important. Il dépendait totalement d'elle et elle ne pouvait lui faillir en ne lui donnant pas toutes les opportunités qu'il pouvait rêver et en le condamnant au rejet. Errer dans la ville avec un enfant, sans maison, ni argent fut une expérience éprouvante. Elle fit de son mieux pour trouver un endroit où dormir à chaque nuit, mais ce n'était pas toujours possible. Sa persévérance fut récompensée. Après des recherches infructueuses d’emploi qui s'éternisèrent, elle dénicha un poste de femme de chambre dans un motel miteux en échange d’une chambre. Le travail était éreintant, mais ça lui permettait de se nourrir, de s’habiller et d’avoir un toit sur leur tête. Elle se familiarisa avec la ville, la langue et la culture. La propriétaire, une vieille dame acariâtre qui l’avait prise en pitié, la laissa utiliser son ordinateur pour flâner sur internet. Elle lui fit même un cours rapide d’informatique. Myriam découvrit les joies de Google qui répondait à toute ses questions. Évidemment, elle ne comprenait pas toujours les réponses ou parfois il y avait trop d’informations à regarder qu’elle en ressortait avec plus de questions que de réponses. Il n’en demeurait pas moins que c’était un outil fort utile. Pendant ce temps, Élie adorait jouer avec Cailloux son vieux chat gris qui était suralimenté. Il était tellement gros que lorsqu’il se sauvait le petit garçon avait le temps de l’attraper avant qu’il n’ait fait qu’un seul pas. Le regarder se mouvoir était un spectacle en soi.

VIDERGEBURT ~ REBIRTH • Élie s’adapta plus rapidement que sa mère à sa nouvelle vie. Myriam l’inscrivit à l’école pour qu’il bénéficie de la meilleure éducation possible. Dès qu’elle eut économisé assez d’argent, elle loua un appartement et trouva un emploi comme serveuse dans un petit restaurant. Son travail l’amena à côtoyer toute sorte de personnes, des bonnes et des mauvaises. Lors des journées plus difficiles, elle se réfugiait à la synagogue pour prier. Elle n’avait jamais renié sa foi. C’était plutôt les Satmar dans leur interprétation restrictive de la loi juive et leur mode de vie suffocant qui la rebutait. Elle comprit que la religion qu’elle avait connue n’était pas seule interprétation du judaïsme et qu’elle pouvait adopter une pratique plus à son image. Sur les recommandations d’une collègue, elle rejoignit un groupe de soutien pour les femmes victimes de violence. Au début, elle se contenta d’écouter les différentes histoires. Certaines étaient à glacer le sang. Personne ne la força à intervenir, les autres femmes respectaient son rythme. Elle finit par s’ouvrir sur son enfance, sur la manière dont sa communauté l’avait convaincu que le corps d’une femme était sale, ce dégoût de soi qui ne l'avait jamais quitté. De la relation malsaine qu’elle avait toujours entretenue avec son sexe. Elle parla de l’endoctrinement des Satmar qui confinait les femmes à un rôle d’épouse et d’incubateur. Elle parla de son mariage à un inconnu qui malgré toute sa douceur lui avait fait mal. Elle évoqua à quel point elle détestait sa sexualité et qu’elle n’avait jamais été attirée par personne. Elle se demandait si quelque chose n’était pas cassé en elle. Elle exprima aussi la pression incessante qu’elle avait subie pour avoir des enfants alors qu’elle faisait le deuil de sa petite fille. Elle parla du fait qu’elle devait constamment regarder par-dessus son épaule de peur qu’un membre de Williamsburg ne la retrouve et ne lui enlève son fils. Elle se libéra de tous ces traumatismes qu’elle avait cumulés au fil des ans. L’expérience fut si libératrice pour Myriam qu’elle trouva sa voie. Elle découvrit le pouvoir libérateur de la parole et de l’écoute. Elle décida d’étudier en psychologie pour comprendre ses semblables. Elle avait enfin trouvé une voie qui la valorisait.

Informations diverses • Elle a une cicatrice au bas-ventre étant donné qu'elle a subi une césarienne lors de la naissance de son fils.
- Un de ses souhaits les plus chers, c'est de terminer son cours en psychologie. Elle a été fascinée par l'être humain et elle souhaite utiliser son expérience et ses capacités pour aider d'autres gens à surmonter leurs traumatismes.
.- Myriam souhaite qu'Élie puisse rencontrer son père, qu'il puisse construire une relation avec lui. Il ne dit rien, mais elle sait qu'il lui manque cette figure paternelle et elle ne le prend pas personnel. Elle sait que c'est tout à fait naturel qu'un garçon recherche la présence de son père. Peu importe ce qu'il y a eu entre eux, pour elle ce n'est pas important, c'est le bien-être de son fils qui compte le plus à ses yeux.
- Myriam souhaite qu'Élie puisse rencontrer son père, qu'il puisse construire une relation avec lui. Il ne dit rien, mais elle sait qu'il lui manque cette figure paternelle et elle ne le prend pas personnel. Elle sait que c'est tout à fait naturel qu'un garçon recherche la présence de son père. Peu importe ce qu'il y a eu entre eux, pour elle ce n'est pas important, c'est le bien-être de son fils qui compte le plus à ses yeux. - Elle aimerait revoir sa famille afin de leur dire au revoir. Lorsqu'elle a quitté Williamsburg, elle l'a fait en catimini et elle n'a pu faire ses adieux à ses proches. Elle sait maintenant qu'elle ne souhaite pas retourner dans cette prison qu'est la communauté Satmar. Cela ne l'empêche pas de s'ennuyer des siens. Elle les aime de toute son âme, mais le mode de vie qu'ils ont choisi n'est plus le sien et il ne l'a jamais vraiment été. Myriam ne peut retourner en arrière, pas après s'être libérer de cette secte.
-  Sa plus grande crainte était que des membres de sa communauté ne la retrouve et lui enlève son enfant. Chez les Satmar, les enfants tiennent une place centrale et c'est le pire affront que Myriam a pu leur faire d'emmener Élie. Elle sait qu'ils ne reculent devant rien pour garder les enfants sous leur férule. Elle ne voudrait pas que son fils soit endoctriné comme elle l'a été.
- Son autre crainte c'est d'être à nouveau enfermé dans cette prison invisible et d'être condamné à un nouveau mariage. Maintenant qu'elle a connu la liberté, elle ne veut plus en être privé. Elle sait qu'elle peut faire bien plus qu'être une mère au foyer. Elle n'a jamais voulu avoir entre 10 et 20 enfants. Elle a tellement à apprendre que l'ignorance l'angoisse. Elle a eu les yeux fermés trop longtemps et il n'y a rien de mieux que de maintenir un peuple dans l'ignorance pour le contrôler.
- Qu'Élie lui en veuille de l'avoir éloigner de ses racines, du soutien de la communauté hassidique. C'est ce qui est constamment véhiculer que les gens qui sortent de Williamsburg son condamner au vice et à la solitude