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Myriam Blumenberg
Myriam Blumenberg
vieille âme
l'âme
Pseudo : Saya
Age : 36
Forme Animale / Don : Clairsentience
Coeur : Mariée depuis 19 ans à Isaiah Blumenberg. Malgré le fait qu'il ne fait plus parti de sa vie depuis presque autant de temps, elle n'a pu se résigner à demander le divorce. Elle est mère d'un jeune homme de 16 ans.
Métier / Occupation : Doctorante en psychologie clinique, intervenante sociale et animatrice de groupe de soutiens
Habitation : Downtown
Intervention du Karma : Oui
TW : -
Style RP : Je rp à la troisième personne.

La longueur de mes rps varient entre 300 et 1500 mots, la longueur m'importe peu ce qui compte c'est la qualité.

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Messages : 27
la plume
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Comme on se retrouve Empty Comme on se retrouve

Lun 19 Fév 2024 - 5:01
Lorsqu’elle s’était levée ce matin-là, Myriam n’aurait jamais pensé revoir son époux. Malgré les années écoulées, elle l’aurait reconnu aussitôt. Pourtant, il s’était métamorphosé, son regard était hanté par les expériences vécues après son départ. Ils n’étaient plus les jeunes à peine sortis de l’enfance forcée de s’épouser et d’embrasser une vie d’adulte prématuré. Ils étaient tous deux des adultes forgés par leurs expériences. Elle se remettait à peine du choc provoqué par ses retrouvailles impromptues avec Yeshaya. Le centre communautaire était bien le dernier endroit où elle s’attendait à rencontre son mari. Encore moins au détour de leur groupe de soutiens respectifs. Myriam avait des questions sur l’état de santé de son époux, mais elle se disait que les aborder ne serait pas approprié. Elle avait l’impression qu’il était encore trop tôt pour aborder ce genre de question. Après toutes ses années passées loin l’un de l’autre, ils étaient tout autant des inconnus que le jour de leur mariage, si ce n’est davantage. Le spectre de ces années passées et l’échec de leur mariage se dressaient entre eux. Le destin se rengorgeait presque de la mauvaise blague qu’il leur avait faite. Ces retrouvailles avaient un goût doux-amer. Pourtant, la jeune femme s’efforça de chasser la brume de l’amertume qui empoisonnait ce moment privilégié. La grippe de son éducation se relâcha, elle était une tout autre femme que celle qu’elle avait été à Williamsburg. Elle ne redeviendrait pas cette coquille vide et obéissante qu’elle avait été. Cette créature timorée avait rendu son dernier souffle dès qu’elle avait mis les pieds dans cet avion qui l’avait mené à Halifax ces années plus tôt.

Il y avait quelque chose d’émouvant de revoir son époux après tout ce temps et d’avoir enfin la possibilité d’être elle-même. Ils n’avaient pas à jouer un rôle qui ne leur convenait pas. Myriam se sentait libérée d’un poids. Ils avaient l’occasion de faire table rase du passé. Ils n’étaient plus enfermés dans cette cage de conventions ou prisonnier du regard des autres. Elle se souvenait encore cette constante sensation d’étouffer. La pression des règles strictes de son existence lui avait toujours pesé. Elle était née femme, cantonnée au rôle d’épouse et de mère. Elle n’avait rien contre ce rôle, mais elle avait sans cesse voulu plus. Il lui semblait que son bonheur se situait ailleurs que dans le mariage et la maternité. Le problème était qu’elle ne connaissait rien d’autre à l’époque. On ne lui avait pas donné l’occasion. Elle se souvenait les livres caviarder, la frustration qu’elle avait ressentie de ne pouvoir savoir ce qui se trouvait derrière ces lignes noires. À mesure qu’elle vieillissait, elle s’était résignée à ce que ces mots camoufler demeurerait un mystère. Si en apparence elle se conformait, ils ne pourraient jamais contrôler ses rêves, ses aspirations, ses pensées. Ça, ils ne pourraient jamais lui enlever. Toutefois, elle avait toujours éprouvé ce vide, cette impression qu’il lui manquait quelque chose pour s’épanouir complètement.

Durant des années, elle s’était crue condamnée à cette existence sans réelle saveur pour son esprit curieux. Son mariage, sa fausse couche, la pression, la naissance d’Élie et même le départ de son époux n’avaient pas suffi à produire ce déclic. Lorsqu’elle avait pris conscience que son fils serait lui aussi spécial, que la différence n’était pas la bienvenue à Williamsburg. Elle avait confronté sa belle-mère concernant le père biologique de Yeshaya qu’elle avait compris. Ce n’était pas l’existence qu’elle désirait pour elle-même ni pour son fils. Elle souhaitait qu’il ait le choix et ce n’était pas dans leur communauté qu’il l’aurait. Elle avait enfin de trouvé le courage de plonger dans l’inconnu, loin des regards de ses voisins. Elle se souvenait encore à quel point elle s’était sentie flouée lorsqu’elle avait commencé à découvrir le monde moderne. C’était comme si elle avait atterri sur une autre planète. Pourquoi les priver de tout ce savoir ? Pourquoi les obliger à adopter un mode de vie plutôt que de laisser le choix ? Le judaïsme n’était pas basé sur l’acceptation des autres et de leur particularité ? On ne lui avait jamais donné le choix, c’était son devoir de fonder une grande famille. Qu’importe ses aspirations personnelles, il fallait repeupler et réparer le tort fait à vos grands-parents. Comme si les enfants étaient responsables des pertes subies durant la Seconde Guerre mondiale.

Myriam porta son café à ses lèvres, le liquide ambré avait quelque chose de rassurant. Ils apprenaient à tâtons à se reconnaître, échangeant des bribes de leur vie. Il ne semblait qu’aucun d’eux n’osait poser trop de questions précises, intimes de peur de paraître trop inquisiteur. Pour l’instant, ils se contentaient d’évoquer les sujets en surfaces. Certains non-dits se dressant entre eux, mais ne formaient pas une montagne insurmontable comme ça avait été le cas auparavant. Il y avait tant à dire et en même si peu de mots pour les dire. Graduellement, la confiance s’installe entre eux, l’insécurité laissant peu à peu place à une conversation plus naturelle. Elle faillit s’étouffer en entendant le juron de Yeshaya, mais elle ne le releva pas. Elle ne l’avait jamais entendu parler ainsi. En réalité, ce n’était pas tant l’expression qui la surprenait, plutôt la personne qui les prononçait qui la saisissait. Décidément, le temps et la vie les avaient transformés, songea-t-elle avec un sourire aux lèvres. Il évoqua que leur petit garçon serait bientôt un homme. Mais pour une mère son fils serait toujours son bébé. Elle n’osait imaginer ce que ressentait son époux qui n’avait pas vu grandir leur fils. Il exprima sa crainte de manquer ce moment. Le cœur de Myriam se serra, elle n’aurait jamais permis qu’on l’empêche de partager ce moment avec son fils. Il ne souhaitait pas que son fils soit seul. Elle n’osait concevoir comment ça avait été difficile pour lui de vivre cette transition. Il renchérit en évoquant qu’elle n’avait peut-être pas prévu cette cérémonie et qu’il ne le lui reprocherait pas si elle avait décidé. Un doux sourire étira les lèvres de Myriam.

- En vérité, ce n’est pas que je n’avais pas l’intention de le faire, mais plutôt que je n’appartiens à aucune communauté ici. Je ne sais pas je craignais trop de revivre ce que nous avons vécu. Je n’ai pas renié ma foi, c’est quelque chose qu’ils ne pourront jamais m’enlever. Le problème c’était la façon dont ça nous était enseigné, comme s’il n’y avait qu’une façon de pratiquer. J’ai seulement choisi de pratiquer d’une manière qui me convient. Alors, je ne savais pas vraiment comment m’y prendre, tu comprends ? Est-ce que tu aimerais organiser la Bar-Mitsvah d’Élie ?

La conversation se poursuivit dérivant sur ses derniers instants à Williamsburg, lorsqu’elle avait appris que son mari ne serait peut-être plus parmi eux. Yeshaya s’efforça d’excuser les agissements de ses frères. Ils avaient perdu leur mère en quelque sorte. Myriam savait très bien pourquoi Rachel s’était laissé aller ainsi. Elle avait été déchirée entre son devoir et son âme sœur. Elle avait choisi ses obligations, plongeant dans une éternelle mélancolie. Si Myriam pouvait comprendre, Yeshaya n’était pas responsable des choix de sa mère. C’était injuste de le blâmer pour quelque chose qu’il n’avait pas demandé.

- Ce n’est pas une raison, tu n’es pas coupable des décisions ou de l’état de ta mère. Tu n’as rien demandé, tu n’étais qu’un enfant toi aussi. Ce n’est pas juste que les enfants paient pour les péchés de leurs parents. Alors tu n’avais pas à subir cela, aucune souffrance ne peut justifier cela.

Il n’en demeure pas moins qu’une certaine amertume perce dans sa voix lorsqu’il évoque ce que ses frères lui avaient dit. Myriam lui laisse le temps de rassembler ses idées. Il avoua avoir connu la rue, longtemps. La jeune femme se doutait que ses mots cachaient plus que ce qu’il voulait en dire. Le groupe qu’il fréquentait lui en disait long sur ce qu’il avait dû faire pour survivre. Il y avait autre chose, encore des non-dits, mais elle le comprenait. Elle retint ses questions respectant son rythme de confidence. Elle ne connaissait pas les détails, mais elle savait. Elle lisait dans son regard une ombre constante. Elle sentait sa joie de le retrouver, mais elle n’avait pas un homme heureux devant elle. Elle ressentait sa souffrance et ça lui faisait mal de le savoir malheureux. Il méritait le bonheur. Les larmes perlèrent au coin de ses yeux lorsqu’il raconta la perte de son être cher. Elle pouvait lire entre les lignes le déchirement qu’il avait éprouvé.

- Je suis si désolée que tu aies perdu cette personne, souffla-t-elle. Je souhaite tellement que tu sois heureux. Tu n’es plus seul maintenant, nous sommes là, Élie et moi. Je ne prétendrai jamais remplacer cette personne, mais j’espère seulement que tu nous permettras d’apaiser ta solitude.

Sa main dans la sienne, il se met à rêvasser. Il imagine une copie de la vie qu’ils auraient pu avoir. Cette vie ne serait qu’un mirage, un rêve qui ne le convenait pas. Au contraire, cela représentait l’idéal de leurs parents. Myriam se sentit mal de briser sa bulle, mais ne rien dire serait malhonnête. Elle savait que ça ne ferait que repousser le problème. Il lui manquerait constamment quelque chose parce qu’elle était consciente qu’elle n’était pas la personne pour lui. Elle ne souhaitait pas qu’il renie qui il est. Il n’avait pas besoin de devenir quelqu’un d’autre. Elle l’acceptait tel qu’il était, même si ça voulait dire qu’ils ne seraient jamais mari et femme. Elle l’avait accepté depuis longtemps, elle avait fait son deuil. Ce faisant elle avait réalisé qu’elle était plus peinée d’avoir déçu les attentes de ses parents, plutôt que ses propres rêves. Dès qu’elle parla, il retira sa main.

- Je ne t’en ai jamais voulu d’être parti, je comprends pourquoi tu l’as fait. Nous étions dans une prison sans barreaux. Je me suis continuellement sentie coincée, j’ai toujours souhaité être plus qu’une épouse et une mère. Je n’en avais jamais parlé, parce que c’était plus facile de me soumettre. C’est dommage que tu n’aies pas pu t’épanouir, que tu n’aies pas trouvé ce que tu cherchais.

Myriam déglutit lorsqu’il évoqua leur petite fille. Elle était encore dans ses pensées même après tout ce temps. Le sentiment de n’être que déception, de se dire que se devaient ses aspirations et réflexions impures qui leur avaient coûté leur petite-fille. La pression qui s’était suivie d’enfanter rapidement, tandis que son deuil n’était pas terminé. Yeshaya évoqua ses songes d’une grande famille, leurs nombreux enfants dont il imaginait les rires dans ses moments de solitudes. La jeune femme lui retourna un sourire tout aussi mélancolique. Si elle pensait à leur petite fille à l’occasion, elle se concentrait sur Élie. En réalité, elle s’efforçait de ne pas méditer sur ce qu’elle ne pouvait avoir. Elle pouvait concevoir la tentation de s’accrocher à ces chimères, il lui arrivait de la ressentir à son tour.  

- Je te comprends, ma famille me manque aussi. La vie là-bas ne me manque pas, ce n’étaient pas mes rêves. Je pense souvent à notre petite-fille, je crois que je n’ai jamais accepté les pressions que nous avons subies après. Nous ne pouvions pas faire notre deuil, nous devions avoir d’autres enfants.

Elle se tut brusquement, incapable d’en dire plus. Elle se souvenait la culpabilité qu’elle avait ressentie. Combien de fois s’était-elle demandé si elle n’était pas punie pour avoir entretenu des rêves d’une existence hors des conventions ? Était-ce sa punition, car elle n’était pas une assez bonne épouse ? D-eu l’avait-il punie parce qu’elle n’avait pas accueilli la perspective d’être mère avec euphorie. Elle ne voulait pas se complaire dans sa rancœur, cela ne ferait qu’empoisonner son existence. De plus, son trouble ferait tomber son mur psychique et la rendrait vulnérable aux émotions ambiantes. Elle ne pouvait perdre le contrôle sur son empathie. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment de perdre le contrôle. Des dizaines années de pratiques lui permettaient de mieux faire face à ce tumulte sans perdre complètement la maîtrise de son don. Son cœur se serra lorsque son mari évoqua qu’il ne pourrait avoir d’enfant. S’il n’avait pas été en public, elle aurait pleuré toutes les larmes de son corps pour lui. Elle n’osait imaginer l’injustice qu’il devait ressentir de voir ce choix volé par le coup du sort. Il renchérit en soulignant à quel point ils avaient changé tous les deux. Ils ne pourraient jamais revenir les jeunes mariés naïfs et terrorisés qu’ils étaient. Elle ne put s’empêcher de se sentir apaisée tandis qu’il annonça vouloir connaître celle qu’elle était devenue. Elle lui fit un geste vague de la main lorsqu’il expliqua s’être emporté.  Quand il la complimenta, Myriam ne put se retenir de rougir. Elle n’était pas habituée qu’on la qualifie de resplendissante. Souvent elle était gentille, douce ou serviable, mais elle n’était jamais belle. Elle détourna le regard quelques instants, image même de la modestie.

Le sujet revint sur leur fils, au grand soulagement de la mère. Elle n’avait jamais aimé être le centre de la conversation, particulièrement quand on lui chantait des louages. Il accepte d’enseigner le piano à leur fils. Un sourire éclatant étira les lèvres de la jeune femme. Elle imaginait le père et le fils assis l’un à côté de l’autre sur le banc de piano. Myriam se sentait étrangement émue à cette pensée. Elle entendait déjà les notes accompagner la douce voix de son fils. Le timbre clair d’Élie ne tarderait sûrement pas à changer. Il offrit des leçons violoncelle. Son empressement avait quelque chose de touchant. Ensuite, il semble s’inquiéter de son bégaiement.

- Son trouble de parole est important, mais ce n’est pas comme Moïshy. Il a reçu de l’aide très tôt. Élie est un garçon brillant, curieux et doux. Je dirais que lorsque tu lui parleras, ne le corrigent pas et ne terminent pas ses phrases pour lui. Ça met l’emphase sur son bégaiement. Contente-toi de l’écouter et de faire la conversation comme si de rien n’était. Il va être si heureux d’apprendre le piano.

Elle sentit à nouveau sa main se poser sur la sienne. Elle pouvait apercevoir l’émotion qui embuait son regard. À vrai dire, Myriam était tout aussi émue de le revoir. Elle fut soulagée lorsqu’il lui assura que peu importe, tout lui convenait. Yeshaya avoua être heureux de le retrouver et qu’il acceptait qu’ils soient amis. Un sourire étira ses lèvres, elle pouvait compter ses amis sur les doigts d’une main. De ce fait, ils étaient particulièrement précieux pour elle. Tout serait à bâtir pour eux, mais elle savait qu’ils pourraient le faire.
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