Ses parents ont migré au Canada quelques mois avant même de penser à avoir un enfant, trouvant que cela serait plus facile d’élever une famille dans ce pays. Ils ne savaient pas que la mère se trouvait déjà enceinte, puisque leur fils n'est né que six mois après leur arrivée. Un peu trop rapidement pour eux, mais ils ont fait ce qu’il fallait, à leurs yeux, leur fils est un signe des instances plus haut.

Ses parents pratiquent l'hindouisme, il a été élevé dans cette religion, mais ne la pratique pas autant qu’il ne le devrait pas. Mentalement, il fait ses prières, mais physiquement, il se trouve toujours occupé ailleurs et ne veut pas s’imposer à ceux qui l'entourent. Il a souvent accompagné ses parents en prière dans ce que les Canadiens appellent une église, bien que ce ne soit pas du tout la même chose.

Enfant, il était une vraie plaie pour ses parents qui ne savaient jamais où il se trouvait. Vivant proche d’un parc qui se trouvait entouré d’une petite forêt, il était toujours perdu entre les arbres. Lorsqu’il accompagnait sa mère pour faire les courses, cela pouvait prendre des heures, car l’enfant curieux qu’il était souvent arrêté pour découvrir quelque chose ou écouter les discussions. Le voisinage surnommait le jeune Naveen, Sherlock, comme le grand détective, car aucun secret ne le restait assez longtemps lorsque le gamin se trouvait dans les parages.

Tout au long de sa scolarité, il fut un des premiers de classe. Il était un membre du journal scolaire, ses reportages étaient un des plus lus par les élèves et les professeurs. Tout ce qu’il écrivait n’était que vérité et rien qui pourrait mettre la réputation de quelqu’un dans le trou. Ce cursus continuait même à l’université et c’est grâce à ce journal qu’il fut recruté par un des plus gros d'Halifax comme agent de terrain : le daily new.

Il travailla plusieurs années comme journaliste à Halifax. Tranquillement il faisait sa place jusqu’à devenir journaliste international, ce qui était bien avec le Daily new puisqu’ils avaient des bureaux un peu partout et qu’il en avait accès. Passeport à jour, il ne compte plus le nombre de pays différents qu’il a visité, le nombre de tragédie qu’il a raconté. Il a malheureusement une image de la vie plus noire que quiconque peut l’imaginer.

2018, il est envoyé à Paris, non pour une énième tragédie, mais pour la coupe du monde de football, la France contre la Belgique. Il est tellement heureux d’y être, l’atmosphère dans les rues de la ville vaut le détour. Les Français fêtent jusqu’à tard dans les rues, fiers de leur pays. Quelques jours plus tard sont supposés être la parade et il rentrera à Halifax. De jour, il tape son reportage et visite la ville le soir. Ce bar, il ne sait pas pourquoi il y est entré, comme attirer par une force mythique. Il s’en souviendra toujours, c’est là qu’il a rencontré Shaya. Leur première nuit ensemble fut magique, il aurait dû le quitter au matin, mais il n’a pas pu. Ce temps en France, fut étrange à ses yeux, encore plus le moment où il lui demande de venir à Halifax et qu’il accepte.

La vie à deux n’est en rien ce qu’il imaginait. Il a toujours eu son indépendance et là il y avait toujours cette présence dans son champ de vision, dans sa bulle. Toujours à devoir lui dire où il allait, quand il allait revenir, même son travail devenait difficile puisqu'il ne pouvait plus voyager autant. Chaque détail devenait une dispute que ce soit pour un ou pour l’autre. Pourtant, ils avaient leur moment, il avait besoin de Shaya. Valise sur le bord de la porte, une centième dispute sur ce sujet, Naveen doit aller faire ce reportage sur la guerre en cours, Shaya ne veut pas qu’il s’y rendre. Porte claquée pour ne revenir qu’un mois plus tard et traumatiser. Il ne put appeler son amant autant qu’il le voulait et ce qu’il a vu durant ce mois fut que sang, meurtre et pire encore. Il n’ose même pas en parler.

Burnout, son patron, l'a mis en arrêt après son retour, ce reportage bien que parfait, à mettre notre journaliste dans un état renfermé. La vie avec Shaya fut aussi difficile, lui ne répondait plus à ses crises, préférant rester dans leur appartement sachant qu’il serait en sécurité du moins au début. Parce qu’à un moment, il disparaissait en forêt, seul pour ne revenir qu’un jour ou deux après. Un jour, Shaya le força à sortir avec lui, tout allait bien, il riait ensemble, faisait les courses tranquillement. Mais rien ne reste jamais parfait, ils marchaient dans une rue peu empruntée, des coups de feu se firent entendre, deux voitures se percutèrent, des cris étaient entendus de partout. C’est comme si la guerre l’avait suivi, une douleur fulgurante lui passa au travers du corps, il était certain de s’être fait tirer dessus et il fuit. Il courut aussi vite qu’il le pouvait, malheureusement dans la mauvaise direction, il trouva refuge dans un coin de ruelle, sous des débris de boîtes de carton, sa queue touffue enroulée autour de son petit corps, des jappements de détresse se faisaient entendre.

Shaya le trouva rapidement, le ramena à la maison, normalement il aurait dû prendre forme humaine le lendemain, mais Naveen ne le fit pas. Mentalement incapable de vivre dans ce monde atroce parmi les humains qui s’entre-tuait ou même avec cet homme qui ne faisait que le disputer pour tout. C’est plus simple de rester un renard. Il vécut un moment avec la conscience humaine dans un corps de renard, jusqu’au moment où il s'échappa pour ne plus du tout réfléchir et laisser la bête prendre le dessus. Caractère bien trempé, il n’aimait pas être manipulé ou toucher, le nombre de fois qu’il a mordu Shaya.

Le refuge, il mord toujours la main qui veut l’approcher, mais il est aux anges. Il peut courir comme il veut, grimper dans les arbres, se battre avec les autres renards, manger, dormir, la belle vie. Jusqu’à l’ouragan qui frappa le refuge, un flash se présenta devant ses yeux, un homme dans le besoin durant cette tragédie naturelle, il se devait de le retrouver. Une fissure assez grande, fut sa porte de sortie. Autoroute, terrain résidentiel, forêt, il parcourt énormément de distances poussées par une intuition. La dernière clôture qu’il traversa fut sa dernière, il gémissait de douleur, le métal coupé lui avait entaillé la peau du flanc. Le petit renard ne pensait pas qu’il serait sauvé et par lui.

VRAC :
Il prend forme d’un renard roux sur le dessus et blanc sur le ventre, sa queue d’un poil touffu est un mélange des deux couleurs où le blanc à élu domicile sur la pointe. Seules ses pattes son noir.
Il a repris forme humaine une fois son corps guérit de la blessure de la clôture, par chance Shaya ne se trouvait pas à la maison.
Il vit sous forme humaine dès que Shaya ne se trouve pas aux alentours, il s’enfuit souvent de la maison en tant que renard pour faire des choses humaines ailleurs.
Il refuse de confronter son âme-soeur, pas pour le moment.
Il ne sait pas encore s’il va retourner travailler. Il ne sait même pas s’il a encore une place au journal.