IIl fut un temps ou les hommes étaient bon....Quand ils ne criaient pas et que leurs mots était délicats...Il fut un temps ou l'amour me semblait être la réponse à tout et où le monde était elle une chanson… Il fut temps....Avant que tout ne bascule.

J'avais rêvé d'une vie différente de celle que je vis. Une vie digne de celle que l'on peut lire dans les romans ou vivre dans les séries. J'avais rêvé d'une vie simple et ordinaire, moi la petite fille née dans une famille tout ce qu'il y avait de plus banal dans les banlieues de Montréal. J'étais une petite fille blonde aux grands yeux bleus, riant et jouant comme tout enfant, j'avais la joie de vivre au cœur, je croyais aux fées et aux princesses, je pensais que les animaux pouvaient parler  et que si j'y croyais assez fort, une bonne fée viendrait à se révéler. J'étais ce qu'on appelle une demoiselle d'innocence, une enfant comme tant d'autres. Qui aurait pu prédire de mon avenir à cet instant ?

Alors que je grandissais, tel un bourgeon prenant des forces pour éclore la vie continua d'être pleine de surprise. Moi qui avait jusqu'ici grandie seule, je me retrouvais soudain dans ce rôle de sœur aînée, d'exemple, de soutiens. Comme j'étais fière face à cette petite chose rose et fripée, hurlant comme si sa vie en dépendait, seul moyen qu'elle possédait pour se faire comprendre, pour se faire entendre. Mais c'était là une chose normale en soit. Une réalité propre à ce monde que de voir les fratries se créer et s'agrandir, les familles possédait plusieurs enfants, les voir s'aimait et se détestait, se chamailler et se réconforter. Quoi de plus classique pour une famille comme tant d'autres ? Je prenais mon rôle de sœur à cœur, continuant moi même de grandir, faisant de nouveaux rêves empli de patinage artistique, de duo avec ma fratrie, de rire et de fierté. Je rêvais de soirées pyjamas avec mes amies, je gloussais sur certains garçon de l'école primaire. J'étais une jeune fille comme tant d'autres. Alors… à quel moment tout à dérapé ?

Le temps continu de passer, la Terre poursuivant sa rotation, encore et encore, les nuits succédant aux jours, les mois aux années et je continuais de grandir. J'étais une jeune fille, une adolescente. J'avais, en plus de mon frère, une petite sœur, portant la fratrie à trois membres. Je les aimaient, bien évidemment, mais comme toute sœur, comme toute adolescente, je rêvais d'indépendance, de liberté. Je souhaitais sortir comme je le souhaitais, vivre comme je le souhaitais et bien que mes notes soient bonnes, bien que je ne soit pas la plus rebelle, je causais parfois du soucis à mes parents. Je sortais avec mes amies ou passait des heures au téléphone avec elle. Je continuais le patinage artistique, renforçant ma grâce et mon agilité, je rêvais de garçons et avait  mon petit succès, bref, j'étais une fille comme tant d'autres, une adolescente pleine de rêve et de contradiction, une jeune fille qui se voulait femme avant l'heure, mais n'est ce pas l'apanage de la jeunesse que de vouloir être adulte ? Pour finalement, regretter ce temps passé trop vite de l'adolescence...ce temps ou tout était simple et doux, ce temps ou les choix et les décisions...ne pesaient pas si lourd.

Tout est survenu au jour même de mes dix huit ans. Mon père avait loué un camping car afin que nous partions tous pour une grande aventure, afin de fêter dignement ma majorité. Nous étions tous du voyage, mes parents, mes frères et sœur, même ma grand mère était du voyage. J'aurais dû être heureuse de voir l'attention qu'on me portais, l'amour qu'on me témoignait, mais moi, je voulais fêter ce moment avec mes amies, avec des garçons, je voulais danser la nuit durant, goûter de l'alcool, faire ces choses d'adultes bien loin de ma famille qui m'aimait pourtant sincèrement, qui ne voulait que mon bien. Alors je boudais, je ronchonnait, plombant l'ambiance, énervant tout le monde. Je dit des mots dure à mes parents, des reproches que je regretterais ma vie durant, car ce furent les derniers mots que je leur aient adressé avant que cette voiture ne fasse une sortie de route, qu'elle percute notre camping car et qu'il fasse plusieurs tonneaux avant de finalement se stopper dans le fossé, chaque tour sur lui même arrachant un peu plus de mon enfance pour me projeter dans le monde adulte.

L'ambulance arriva rapidement...nous transportant les un et les autres vers l'hôpital. Le conducteur de la voiture nous ayant percuté n'avait pas survécu à l'accident. Ma grand mère, elle aussi avait rejoins les cieux lors de l'accident. Quant au reste de ma famille… J'étais, pour une raison que je n'aurais su m'expliquer, celle qui avait le moins souffert de l'accident. J'avais des hématomes et des coupures, des courbatures. Il avait fallu me recouvre le bras et vérifier l'état de ma pommette...j'avais été graciée par les cieux. Mais pour quel but ? Mes deux parents avaient étaient transportés d'urgence en salle d'opération. Mon frère avait plusieurs membres cassés et ma sœur...avait en plus de quelques fracture un morceau de verre dans l’œil. Pourquoi avais je était ainsi épargné quand tous les autres avaient tant souffert ? Les médecins firent de leurs mieux. Ma grand-mère paternel arriva, m'offrant alors, un soutien, un soulagement, qui ne dura pas. Elle n'avait d'yeux que pour mon père, oubliant ses petits enfants, sa belle fille... L'information nous vint peu après que ma mère n'avait pas survécu à l'opération...me brisant un peu plus que je ne l'étais déjà et alors que je me demandais comment vivre dans un monde ou elle n'était plus, comment je pourrais le dire à mon frère et ma sœur....ma grand mère demanda des nouvelles de son fils, uniquement de son fils et tandis que je cherchais à m'accrocher aux dernières bribes d'espoirs que je pouvais la réalité, le cauchemar me rattrapa...
Mon père était dans un coma dont les médecins n'étaient pas sur qu'il sortirait un jour, son cerveau abimé, son corps brisé. Ma grand-mère...cette femme que j'avais aimé...indiqua qu'elle ne pouvait pas s'occuper de nous, qu'elle n'en avait pas la force, qu'elle était trop âgée...mon propre sang. Ma dernière famille nous rejetait. J'avais entendu qu'elle ne s'était jamais bien entendue avec ma mère mais...nous étions ses petits enfants...les enfants de son enfant...alors pourquoi...
La décision fut finalement prise après plusieurs jours de pleurs et d'angoisse...qu'il valait mieux cesser les soins sur mon père et alors que cette vieille femme partait en pleurant...je serrais contre mon cœur deux enfants hurlant leurs douleurs et leurs peur. Leur abandon, leurs incompréhension. Il n'avait fallut qu'une nuit pour que nous devenions orphelin, pour que l'enfance disparaisse, pour que le regrets me dévorent le cœur.
Je venais d'avoir dix huit ans. J'étais une adulte et ma toute première décision avait été de devenir tutrice pour mon frère et ma sœur. De choisir un cercueil pour mes parents, d'abandonner mes rêves et mes espoirs dans le but de protéger les plus jeunes, de faire honneur à mon père et à ma mère...mais à quel prix ?
J'ai rapidement appris que la vie...n'est pas si facile. Les frais d’hôpitaux, d'obsèques...les services sociaux, les tribunaux...je devais apprendre à tout gérer seule, je devais régler des factures qui nous mirent sur la paille, je devais prouver que j'étais apte à m'occuper de deux enfants de quatorze et dix ans. Alors...je fis ce que je devais. Je vendais la maison familiale pour obtenir une peu d'argent, j'évitais les regards emplit de pitié de ceux qui m'avaient connu et me plaignaient ou riaient de mon sort, moi , la fille populaire qui était maintenant serveuse épuisé dans un dinner, faisant de mon mieux pour joindre les deux bouts. J'ai tenu ainsi...durant deux ans avant que les factures, la vie, la douleur, ne me rattrape. Ma grand mère avait finalement retrouvais ses esprits et voulait la garde de mon frère...uniquement de mon frère, lui qui ressemblait tant à son précieux fils perdu. Ce fut une bataille...une guerre...qu'elle perdit, mais qui me brisa toujours plus, me donnant l'envie d'une fuite, d'un nouveau départ. Alors...je quittais tout, emmenant ma famille vers ce coin de Nouvelle-Angleterre. Pourquoi là bas ? Pourquoi pas vous dirais je. La réalité étant que j'avais conduit au hasard des routes et des panneaux jusqu'à arriver en ce lieu ou j'avais pris un petit appartement juste assez grand pour nous loger tous les trois où j'avais cherché un emploi payé une misère avant que cet homme ne vienne à me parler de ce club, de l'argent que je pourrais me faire pour simplement me renier, pour jeter ma dignité et mon honneur au pieds de ces hommes qui ne me verraient que comme cette pièce de viande qui les feraient saliver. Mais ma sœur...Avait besoin de soins oculaire. Mon frère grandissait, je devais penser à leur avenir, à leurs études, à leur offrir le meilleur et cela passait par l'abnégation de ma propre personne. Alors j'acceptais...posant sur mon visage ce masque d'indifférence quand en tenue légère, je commençais à danser autour d'une barre de métal. Il fut vrai, que l'argent était facile, que la paie était bonne, que les pourboires étaient intéressant et que cela nous offrait une meilleure vie. Je n'éprouvais aucune fierté à ce travail, j'en avais honte, mais il amenait de la nourriture sur la table, il payait les factures, il offrait un peu de sécurité à ma famille… alors je continuais. Restant Alice le jour...devenant Bambi la nuit… ce faon innocent et pur qui avait perdu sa mère… Personne n'avait besoin de connaître mon vrai nom… Personne n'avait besoin de savoir que cette chevelure brune était une perruque… cela resterait mon secret...tant que je ne pourrais trouver mieux, moi qui n'avait rien de plus que mon diplôme de fin du secondaire...