D’accord le trentenaire venait de sortir d’un bar après une soirée arrosée, mais promis il n’était pas bourré au point de ne pas voir la voiture foncer droit vers lui. C’était ce que le premier policier arrivé sur les lieux de l’accident avait supposé et Ellis avait expiré bruyamment pour faire part de son mécontentement. Jugement de merde quoi, il était peut-être connu du service de police, mais y’avait des limites à lui mettre les maux du monde sur les épaules. Il avait très bien vu la voiture surtout les deux phares à DEL qui traversaient le brouillard sans broncher. Heureusement pour lui, le conducteur avait fini par le voir à son tour – que le prochain qui dit que ses cheveux verts ne servent à rien soit contredit maintenant! - et avait réussit à ralentir assez pour que le contact entre le corps métallique de la voiture et celui humain d’Ellis soit un peu moins violent. Il avait bien tenté lui-même de se retirer du chemin, mais la situation c’était passé tellement rapidement qu’il s’était retrouvé au sol avant même de réussir à choisir dans quelle direction il devait fuir.

Il ne se rendit pas vraiment compte de ce qui se passa ensuite. Il mettait la faute sur un mélange d’alcool, d’adrénaline et de douleur. Ce qu’il savait c’est qu’il s’était retrouvé à l’hôpital à attendre de pouvoir voir un médecin, s’obstinant bruyamment avec un infirmier de ne PAS appeler Sybil. Un projet pour lui faire avoir une crise cardiaque. Il n’était pas mourant, simplement blessé. Ça pouvait attendre une heure plus raisonnable pour la réveiller. La preuve était qu’ils l’avaient installé sur une chaise en plastique inconfortable de la salle d’attente au lieu d’une civière à l’arrière.

Ellis sursauta quand il se retrouva dans le noir complet au milieu des murmures des autres patients apeurés. Son regard se dirigea vers la seule source de lumière, la porte de l’urgence qui s’ouvrit au même moment où la lumière revint. Un brancard transportant un homme passa devant eux.

Et toc, il avait raison, il y en avait des pires que lui en ce moment.

Oh putain, pourquoi la lumière lâchait à nouveau? Il voulait seulement pouvoir retourner chez lui. Qu’ils se bougent un peu!

Encore une fois, Angelo était envoyé aux urgences. Pas pour lui, non, il savait où il mettait les pieds, mais plutôt pour un des clients de son oncle qui s’était cru avoir une deuxième jeunesse. Les vieux clients avaient tendance à vouloir impressionner les filles à qui ils payaient un supplément pour passer la nuit avec eux dans leur chambre…sauf que parfois cela tombait mal.

Son oncle l’avait appelé et après avoir aider le client à se rhabiller devant une des danseuses apeurée, Angelo l’avait fait s’appuyer sur son épaule, avant de l’emmener dans sa bagnole à l’hôpital le plus proche. Il n’avait pas hésité une seconde. Et pourtant à peine arrivé, il se retrouva seul. Le client emporté, il remplit les papiers et se mit à attendre. Après tout, la femme de ce type n’allait pas arrivé avant le matin bien levé et puis, elle allait sûrement se demander comment il en était arrivé là…

2h30 du matin, Angelo était assis sur une chaise, observant les brancards aller et venir. Soudain un néon grésille, avant que le noir les envahisse.

- Mais qu’est-ce que…souffla l’homme à tout faire.

On entendant les gens commencé à s’affoler, avant que tout se rallume. Bon, juste une panne de courant. Angelo se frotte le visage, il travaille demain matin. Quand est-ce que l’épouse allait débarqué? Puis il voit ce brancard arrivé..cette odeur de brulé…et ce bras. Il ne connait pas ce symbole…Soudain, le noir à nouveau. L’animal en lui veut sortir. Mais il ne peut pas. Il a promis à l’homme de rester à ses cotés…

Que la nuit est longue dans cet espace étouffant que sont les urgences. Une salle d'attente qui ne semble pas désemplir et dont on ne voit pas le bout. Ici impossible de savoir quand on passera, quand on sera appelé, il n'y a que nous la patience, la résignation, l'ennui. C'était sa seule nuit de repos, cette seule soirée ou elle n'avait pas à devenir une autre pour gagner sa vie, à montrer plus qu'elle ne voudrait montrer à quiconque en se trémoussant autour d'une barre de métal aussi glacée que ses regrets et pourtant elle était ici, assise sur un siège en plastique qui n'avait rien de confortable, caressant encore et encore la chevelure de sa jeune sœur dont le front pâle et brûlant indiquait qu'elle avait très certainement contracté cette vilaine grippe qui tournait dans la région en ce moment. Les médicaments étant inefficace et la fièvre ne voulant pas tombée elle n'avait donc eu que cette solution de venir aux urgences,qu'importe le temps qu'elle y passerait. Ainsi assise depuis bientôt deux heure, elle continuait de caresser les mèches blondes collé à la peau de la jeune fille par la transpiration fiévreuse qui la faisait respirer lourdement. Elle avait réussie à trouver une position assez agréable pour parvenir à s'assoupir et il n'était pas question qu'elle ne tente de lui faire rouvrir les yeux avant qu'un médecin n'ai appelé leurs noms.

Autour d'elle c'est le bourdonnement des discussions, l’irascibilité des patients qui attendent de voir un médecin, s'énervent de ne pouvoir passer directement, s'insurge que les petits qu'ils tiennent dans leurs bras n'aient pu voir un pédiatre plus tot. Malheureusement c'est ainsi. Quand la pénurie de médecin et clinicien se fait, elle amène ce genre de choses, surtout quand un grand nombre de personnes continuent de venir en ces lieux pour des petits choses.  Après elle se demande si elle est bien placée pour parler, mais vu l'état de sa sœur, ce sont les secours eux même qui lui ont conseillé de l'amener ici alors...elle est légitime non ? Gardant le regard bas, cherchant à ne point attirer l'attention ou les regards elle avait assistée comme chacun aux patients violent qu'il avait fallu évacuer et à la grogne générale qui montée petit à petit. C'était à se demander ce qui se passait et si cette fièvre n'était pas plus que ce qu'elle semblait être à rendre les gens un peu fou. Non, cela devait venir de cette série que lui avait montré son frère avec des champignons qui prennent possessions du cerveau des humains. C'est pourtant elle la grande sœur, elle ne devrait pas être si effrayée par ce genre de stupidités.

Mais voilà que la lumière déjà vieillissante de la salle se met à clignoter, attirant les regards de tout une salle vers le plafond avant que l'obscurité ne se fasse. Des petits cris de surprises se font au milieu des toux et autres respirations chuintantes. Des enfants se mettent à pleurer et rapidement la lumière reviens. Avec le temps extérieur, il n'y a pas a être si surpris et les lieux sont certainement parmi les plus sur de tous. Continuant de caresser machinalement la chevelure de sa sœur, la jeune regarde autour d'elle, cherchant à voir si quelqu'un pourrait la rasséréner un peu ou au moins lui donner une idée d'attente voir peut être un médicament pour aider la fièvre le temps que sa sœur soi ausculter.

Mais les portes s'ouvrent en un claquement, les équipes médicales braillent des informations alors qu'un homme à la peau rouge et noir hurlant à plein poumon et mené vers  les salles d'examen et que le cœur de la jeune blonde se mette à accélérer subitement. Elle n'aime pas le feu, elle a peur du feu. On ne parle pas d'une flamme de briquet ou d'allumette, non, on parle d'incendie qui la terrorise et l'effraie car alors que l'homme est emmené, que sa respiration s’accélère en même temps que son pouls, elle entends dans le tréfonds de son âme des cris de femmes hurlant à l'aide et soudain la nuit se fait, la faisant serrer d'un coup sœur contre elle, alors que les voix continuent d'implorer en son âme et que la terreur l'assaille.

Coincé comme ca dans le noir, Il n’y avait pas grand chose à faire d’autre que de laisser ses yeux s’habitués à l’obscurité forcé de l’endroit. Il y avait des murmures d’adultes intrigués, des pleurs d’enfants apeurés. Tous tentaient d’ignorer l’odeur d’humain brûlé qui stagnait dans la place malgré l’absence de l’homme qui n’était resté là que des fractions de secondes avant d’être amené à l’arrière, là où on sauvait des vies.. où on l’a perdait aussi parfois. Un frisson avait parcouru le corps d’Ellis qui n’avait pas été en mesure de retenir un grognement de douleur. S’il était bien amoché, c’était possible de poursuivre le conducteur de la voiture? Il n’avait pas trop de difficulté à s’imaginer vivre de milions gagnés en justice sans avoir à travailler pour le restant de sa vie, il en donnerait une partie à sa petite soeur.. une autre à Sybil. Ouais ca pourrait être la belle vie. Bon sur le moment, il oubliait qu’il était un mec avec très peu de self-control qui gaspillerait probablement son argent en putes et en drogues à l’instant où il l’aurait.. mais il avait le droit de rêver non?

C’est son estomac qui l’avait ramené à la réalité. Ca faisait plusieurs heures, il ne les avaient pas comptés, qu’il était là et il avait quitté le bar à l’origine pour aller manger chez lui.. Son estomac était en train de se rebeller. Il avait tenté de se lever en tenant son bras contre lui pour éviter de respirer trop fort, mais ca avait été un franc désastre et il s’était laisser retomber un peu trop brusquement sur sa chaise vu la situation.

Il se tourna vers la personne la plus prêt de lui, une jeune femme peut-être un peu plus jeune que lui, au teint basané. « je suis désolé.. » Il sortit un billet de banque de son portefeuille « ca vous dérangerait beaucoup d’aller voir si les machines distributrices fonctionnent toujours et me ramener un truc? J’irais bien moi-même mais.. » Il se montra d’un signe de la main.

Dans une scène digne d’un film d’horreur de série B – le manque de budget et de lumières inclus - Ellis attendait patiemment le retour de la jeune femme. Enfin, avec autant de patience que ce qu’il était en mesure de fabriquer en ce moment. Peu donc. Son pied valide tapotait rapidement sur le linoleum usé de la salle d’attente. Frustré de tout, il avait relevé la tête pour soupirer et s’était retenu de justesse en voyant la jeune femme revenir les mains vides. Elle lui avait redonné son billet en s’excusant. Il tenta d’hausser les épaules avant d’arrêter son geste en étouffant un gémissement de douleur. « Merci. Je m’en doutais quand même. Les lumières fonctionnent pas, c’est logique que les machines non plus.. mais j’avais de l’espoir, il me semble qu’un hôpital ça devrait avoir des génératrices je sais pas.. » Il roula des yeux en se réinstalla le plus confortablement possible sur sa chaise raide et froide. Elle avait dû voir à quel point il avait faim, parce qu’elle avait fouiné dans son sac pour lui sortir des barres chocolatés. Il les lui aurait probablement arraché des mains si elle ne les lui avait pas donné dès leurs apparitions. Le coloré avait ouvert la première barre avant de la manger en deux bouchées. Il avait fermé les yeux une petite fraction de seconde, question de profiter du moment où son estomac arrêterait de crier. Que c’était bien de ne pas être affamé. Il réalisa ensuite qu’elle lui avait posé une question sur son état et il avait ricané en secouant la tête. «  je vois que madame m’a bien cerné, mais non pour une fois mon état est totalement pas de ma faute. Brouillard + conducteur un peu distrait ça fait pas bon ménage. 0 étoiles sur 5, je te conseille pas l’expérience. » Il ricana à nouveau avant de regarder autour d’eux à sa deuxième question un peu plus sérieux «  ouais.. étrange, mais bon. Ça fait pas si longtemps que l’être humain possède l’électricité on peut pas espérer des miracles non plus » se moqua-t-il doucement avant que son attention soit attiré ailleurs. «  oh! Mec! Mec! Si l’infirmier il veut pas de ta lampe je la prendrais bien moi! C’est le moment parfait pour faire des ombres sur le mur! »